dimanche 27 novembre 2016

Il est temps...

Oui, il est plus que temps d'achever ma housse de harpe, ce projet insensé débuté il y a cinq ans, en 2011 avant que le myélome multiple ne bouleverse ma vie.
Et même si je vais plutôt bien, j'ai forcément pris conscience en étant malade de l'éventualité de mourir et j'ai souvent pensé à ce texte magnifique que je partage avec vous.
Rachel me raconta qu'elle avait du sang russe et du sang des Amérindiens de l'Athabaska.[...]
Dans la culture atha-bascane, lorsqu'on commence à tisser une couverture, on doit être certain de vivre assez longtemps pour pouvoir la terminer. Si on découvre qu'on doit mourir, il est nécessaire de faire une cérémonie avec celle ou celui qui a accepté de terminer l'ouvrage parce qu'on ne doit pas laisser quelque chose d'inachevé avant son départ pour l'au-delà. Autrement, c'est une partie de son âme qu'on laisse derrière soi.
[...]
La vie est simple, me dit Rachel. On vient au monde pour veiller au bien de tous et à la santé de notre terre. Puis on nous fait signe qu'il est temps de partir, et l'on doit faire tout son possible pour ne rien laisser d'inachevé ici-bas. On doit demander pardon, léguer ses responsabilités au sein de la tribu, accepter les remerciements et l'amour que les gens de la tribu nous manifestent. C'est aussi simple que cela.
Caroline Myss. Anatomie de l'Esprit (j'ai lu).


Me voici toujours en vie, sereine et heureuse et terminer cet ouvrage moi-même.

J'avoue que le revers m'a semblé long à faire. Peut-être parce qu'un seul grand marquoir est plus ennuyeux à broder et que la frise demandait beaucoup d'attention (j'ai d'ailleurs un peu triché car j'avais un décalage de points à la fin).

Le revers est moins chargé que face avant.
Si c'était à refaire (ah non, pas ça !!!), j'aurais peut-être mieux accordées les deux faces, au niveau des coloris.

Est-ce que cet ouvrage que je voulais achever m'a aidé à rester en vie ? Peut-être... mais je crois que je vais maintenant me contenter d'ouvrages plus rapides à faire. C'est assez difficile de broder sur une grande et lourde toile.

Mais pour tout dire, je n'ai pas tout à fait fini et j'ai rajouté des petites choses par ci par là. Présentation officielle début Janvier : j'ai encore du travail d'ici là. Et je n'ose pas encore penser à la phase couture... qui sera faite aux beaux jours de 2017.

Le chant des anges



 
 Mini-card collections F, Singing Angel, the Prairie Schooler

Ce modèle est une mini-carte de la collection F par the Prairie Schooler. Il s'agit d'un ange de Noël en train de chanter.
J'ai préféré transformer son manuscrit en partition afin de rendre cette broderie plus intemporelle. Mais ce n'était pas facile de broder des notes dans un si petit espace et les traits rapprochés de la portée sur le fond blanc, donnent l'impression que la partition est grise ! Simple effet d'optique.
En ce moment, mes broderies n'avancent guère. Temps de fatigue, de reprise du travail à temps plein et manque de lumière. J'ai même du m'acheter un lampadaire daylight avec loupe pour y voir plus clair mais mes yeux semblent avoir des problèmes pour bien accommoder. Séances de rééducation en perspective.
J'espère ne pas être privée de broderie, d'autant plus que j'essaie de terminer ma housse de harpe (commencée il y a cinq ans) avant la fin de l'année !
Je ne sais pas si vous êtes comme moi mais le temps maussade de la fin de l'automne me donne des envies de broderie, bien au chaud, et c'est bien dommage que mes yeux ne suivent pas, ne suivent plus... Il faut accepter, être à l'écoute. Se faire plaisir tout en étant raisonnable. 
L'été quand la lumière est meilleure, on a souvent moins envie de faire des petites croix. La nature nous appelle et il fait trop chaud pour tenir un ouvrage. Décidément, c'est dur d'être une brodeuse ! 
 

vendredi 11 novembre 2016

Feuilles d'automne


 
Autumn Leaves est un modèle de la créatrice de Prairie Schooler datant de 2006 (BK 132).
 
Je l'ai brodé non en fils DMC (comme cela était préconisé) mais en utilisant des fils américains (Weeks Dye Works, Sampler Threads) oubliés dans mes tiroirs et  qui avaient des teintes appropriées aux noms évocateurs : Brick, Gold Leaf, Walnut, Tarnished Gold, Dark Chocolate...
J'ai  choisi de broder la citrouille et non une maison dans le petit cadre. En effet, il y a souvent dans les "Books" de cette créatrice, un modèle principal et quatre modèles secondaires. Je trouve que cela est une bonne idée pour varier les plaisirs. Et deux maisons sur la même broderie, cela faisait beaucoup ! Surtout en mode "tapisserie". J'ai toujours un peu de mal à couvrir toute la toile de petites croix, façon canevas, même si cela fait partie du style Prairie Schooler.

Ce modèle (et un certain nombre d'autres de Pamela Byrd Smith) me fait penser à un livre d'image pour enfants. Avec une image dans l'image, un texte coloré. Plein de petits détails à regarder.
 
L'écureuil qui ressemble à ceux que l'on trouve dans les samplers quaker de l'école d'Ackworth.
 
Les chiffres qui animent le sol et évoquent presque un tapis de feuilles.

C'est plein de poésie.

Et justement, le texte est proche de celui d'une vieille comptine américaine écrite par la poète Georges Cooper (1838-1927) mise en musique par Thomas J. Crawford.

Come, little leaves,
Said the wind one day,
Come over the meadows
With me, and play;
Put on your dresses
Of red and gold;
Summer is gone,
And the days grow cold.


Venez, petites feuilles,
Dit un jour le vent,
Venez ici dans les prés
et jouez avec moi ;
Mettez vos robes
De rouge et d'or ;
L'été est parti
Et les jours se font froids.

Dans la broderie, elle a changé la fin et parle non d'une robe mais d'un manteau et dit que l'automne est là, au lieu de l'été qui est parti...

Voilà, j'espère que ces explications ne vous auront pas ennuyés. J'aime faire des recherches et les partager. C'est pour cela que pour moi, publier dans un blog est essentiel. L'ouvrage est moins important que ce qu'il m'évoque ! Le montrer uniquement sur Pinterest ne m'intéresse pas. Je sais par expérience que visionner des tas d'images de broderie n'entretient chez moi que la frustration de ne pouvoir tout faire ! Alors, je zappe, j'éteins l'ordinateur et retourne à mes modestes petites croix.

samedi 5 novembre 2016

Petits riens

Petite conversation entre deux écolières glanée en passant, quelques jours après la Toussaint.

- Tu as fait quoi pendant tes vacances, au fait ?
- Mais RIEN !!!

Et derrière ce mot crié joyeusement dans la rue, il n'y avait aucun regret de n'être pas partie vers des horizons lointains mais au contraire, le bonheur de n'avoir rien fait. Si ce n'est dormir plus longtemps, profiter de l'automne flamboyant, fleurir les tombes en famille...

Ce rien, je l'ai senti rempli de plein de choses essentielles.  Et je me suis dit que si au 21e siècle, il y avait encore une jeune fille qui savait profiter de petits riens, alors il y avait peut-être encore un peu d'espoir dans ce monde qui va trop vite, tout le temps. Et qui se crée trop de besoins inutiles alors qu'il faut finalement peu de choses pour être heureux.
 

Photographie d'Hugo Grandcolas, le petit fils de ma tante Marie-Rose... Il a le don de capter des ambiances que j'aime, lors de ses voyages et pas loin de chez lui, comme ici dans la forêt de Haguenau.